Edito 2016 : « En cheminant vers l’Espagne »
Rocailles neigeuses, vallons blottis, pâturages d’émeraudes. Un chapelet de montagnes, tendu entre mer et océan qui relie et disjoint. Le nord du sud, le haut du bas. Entièrement perlé de fleurs, quelle merveille ! Comment témoigner de ce ravissement que provoque, au détour du chemin serpentant parmi les colosses, la rencontre d’une de ces oeuvres de la vie, une de ces somptueuses sculptures végétales? Elles happent notre attention, nous la chapardent, emmenant avec elle notre intimité pour une communion que seuls ces moments-là nous révèlent. Ces merveilles de la nature ont le pouvoir de séduire celui qui sait voir, et de réduire instantanément l’immense paysage à hauteur d’une abeille butinante. Stupeur digne d’un rêve, réalité multiple, dualité de l’instant. L’abeille, la fleur et la vallée sont autant de réalités de l’endroit. La fleur constitue le paysage, autant que le paysage la constitue. L’un et l’autre sont deux des facettes de la même réalité, l’écosystème. Chacun nourrit l’autre. Chacun se nourrit de l’autre. Chacun construit sa propre histoire, en même temps qu’il construit l’histoire du groupe, du biotope, de son espèce et de toutes les espèces. Chacun existe avec les autres êtres vivants. Mais les autres êtres vivants existent aussi dans lui, dans son histoire, dans sa matière. Magie de l’écosystème où rien n’est déchet, où toute la matière a un jour été une autre matière, où toute la matière a déjà vécu un nombre incalculable de fois. Modèle convenable, me semble-t-il, pour une société de consommation durable … Marc Péna
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