Nous finissons ces derniers jours de recevoir les nouvelles de ce qui s’est déroulé à Glasgow ce dernier mois de novembre : la 26ème réunion de la conférence des parties sur le climat, sous l’égide de l’ONU. Lieu de rencontre mondial des représentants de toutes les organisations se sentant concernées de près ou de loin par l’évolution climatique et environnementale. C’est à proprement parler le théâtre des échanges au niveau mondial sur les enjeux climatiques. L’endroit où gouvernements comme associations, experts et politiques, environnementalistes et industriels mènent leurs échanges en vue d’exprimer les risques, les enjeux, les problèmes et les solutions envisageables.

Toutes les parties ont eu la possibilité de s’exprimer : je ne reviendrai pas sur les témoignages poignants des représentants des Etats insulaires ou le désespoir des jeunes de voir l’état du monde qu’on leur laisse, tous bien évidemment justifiés et sincères.

On peut évidemment déplorer le manque d’ambition de ce « pacte de Glasgow » au sujet des déclarations de réduction d’émissions prises par les pays et dire avec Antonio Gutierrez : « ce n’est pas assez. »

Il est certain que nous n’y sommes pas du tout. Et que le projet de 1,5 °C se présente de plus en plus comme une utopie de doux rêveur. Nous allons certainement vers des difficultés insoupçonnées vu la complexité du monde humain et naturel. Il est du ressort de tous les scientifiques de défendre et de répéter cette position vis-à-vis de tous les gouvernements, comme cela est fait aujourd’hui.

Ce qui me laisse de l’espoir et qui me fait dire que cette Cop n’est pas un échec, c’est que plusieurs nouveautés ont fait leur apparition dans les débats.

Tout d’abord la question du carbone fossile est enfin apparue dans les déclarations. Il était temps ! Quand on sait que les énergies fossiles sont responsables de 90% des émission de CO2, dont 66% pour le transport et la production électrique… Je pense que les phénomènes météorologiques que tout le monde subit ont eu raison des raisonnements fumeux dédouanant les énergies fossiles les années précédentes. C’est une bonne chose pour tout le monde.

Le changement climatique est là, plus personne n’en doute. Nous devons réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES). Mais si nous comptons remplacer le charbon par l’électricité, cela ne résout rien si l’électricité est d’origine fossile. Cela signifie qu’il faut mettre en route immédiatement des productions d’électricité décarbonées ! Mais la consommation électrique au niveau mondial est colossale ! L’Europe, qui a perdu une bonne partie de son industrie au profit de la Chine, a continué, ces dernières années, à augmenter sa consommation électrique. Les sources énergétiques capables de développer de telles puissances ne sont pas nombreuses. Un saut technologique est nécessaire pour répondre favorablement et de manière durable à cette problématique. Nous ne pourrons pas nous en sortir avec les vieilles méthodes. Car nous allons devoir rééquiper tous les pays en systèmes de production électrique neutre en carbone ! Mais ce sont d’énormes usines dont la technologie n’existe pas toujours !

Pourtant, cela ne résout pas tout le problème : comment fait-on globalement sur la planète pour nourrir, éclairer, transporter et équiper près de 100 millions de personnes en plus tous les ans ? (1,1% de croissance au niveau mondial). Nous étions 200 millions sur Terre en l’an 500. Pour satisfaire les nouveaux besoins en électricité que ce surplus de population génère, il faudrait mettre en œuvre tous les ans, au niveau planétaire, la capacité de production d’électricité installée en France ! C’est énorme ! On peut accuser les compagnies pétrolières de faire des profits hallucinants en nous vendant ce poison pour l’atmosphère.  Mais nous devons accepter de regarder cette réalité en face : le monde dans lequel nous vivons est vorace en énergie.

Par ailleurs, si nous voulons réduire nos émissions de CO2, nous devons également projeter l’effet de l’augmentation de la population mondiale !  De plus, la croissance de notre consommation d’énergie augmente plus vite que la croissance de la population (1,9% vs 1,1%). C’est parce que nous voulons tous de l’électricité et de la capacité de déplacement que nous tous et notre système tel qu’il est organisé, générons cette quantité de CO2.

La Chine, grande absente de cette réunion, a basé son développement, ces dernières années, sur la production d’électricité à base de charbon. C’est facile à mettre en œuvre, le savoir-faire pour construire d’énormes usines existe. Il suffit de positionner la centrale à côté de la mine et on peut mettre en route très rapidement une nouvelle unité. Les Chinois ont mis en route une quantité phénoménale de centrales à charbon ces dernières années. On peut leur en vouloir, mais d’un autre côté ce sont eux qui ont récupéré toutes les fabrications que nous avions dans nos pays développés. Nos usines sont chez eux et ils doivent produire de l’électricité pour les alimenter. Regardé autrement, on peut dire que s’ils ont besoin de tant d’électricité, c’est pour produire nos biens de consommation, nos matières premières et nos terres rares.

Ces derniers mois, manquant d’électricité par rapport à la demande, la Chine a diminué ses productions de métaux primaires comme le magnésium et le silicium qui demandent de très grosses quantités d’énergie lors de la fabrication.  Les marchés se sont affolés : les prix ont été multipliés par deux au moins, les utilisateurs sont entrés dans une panique totale ! Et la question se pose : la Chine disposera-t-elle de suffisamment d’électricité pour alimenter sa population et ses usines sur lesquelles nous comptons ?

Ce bel exemple illustre la complexité de la situation. Nous sommes tous liés dans le système économique et écologique planétaire. Notre mode de vie demande une quantité d’énergie énorme. Tout ce qui constitue notre environnement construit par l’homme a demandé beaucoup d’énergie à produire et à mettre en œuvre. Cette énergie a été puisée dans le carbone fossile jusqu’à aujourd’hui. Si nous voulons continuer à vivre de la sorte, nous allons devoir trouver une autre source d’énergie à transformer en carburant et en électricité ; construire notre nouveau monde sur cette nouvelle base. Le défi est grand et chaque jour plus grand étant donné la croissance de la population mondiale. La Chine a su limiter la croissance de sa population avec la politique de l’enfant unique. D’autres voies existent pour atteindre une politique de planification de la natalité. Parler de planning de la population mondiale est certainement la prochaine étape dans notre projet de planning de la gestion de l’environnement de la planète.

 Marc Pena