« Une nouvelle manière de penser est nécessaire si l’humanité veut survivre »
Einstein
L’humanité court à sa perte, semble nous affirmer Einstein ! Et elle ne devra sa survie qu’à condition de reformer son mode de pensée !
En quoi notre mode de pensée peut-il être dangereux ? Et comment peut-on se poser une telle question ? Quel est le chemin intellectuel qu’a emprunté ce génie pour aboutir à cette conclusion ? Comment doit-on envisager notre nouveau mode de pensée, comment pouvons-nous sortir de notre modèle actuel ?
Et après tout, comment pense-t-elle, l’humanité ?
Regardons dans son histoire si nous pouvons trouver quelques indices qui nous permettraient d’imaginer un mode de pensée pour l’humanité.
Depuis 2,5M d’années, le genre homo fait partie du cortège d’espèces que la vie a produit sur notre planète. Il occupe une niche écologique dans les savanes arborées, où il consomme à peu près tout, animaux et végétaux. Il a la particularité de fabriquer des outils qui le rendent inattaquable par les autres animaux. Il maitrise le feu, qui est le pire ennemi de l’écosystème et la terreur de tous ses habitants. C’est un animal social qui vit en communautés.
Depuis quelques centaines de milliers d’années il colonise toute la planète, éliminant au fur et à mesure les espèces qui le gênent sur le territoire ou il s’installe. Sa population est régulée par les maladies et par une certaine propension qu’il a à s’entretuer au cours de guerres incessantes.
A l’époque historique, il forme de grandes civilisations où des formes de spécialisations voient le jour dans tous les domaines : construction, habillement, machines diverses. Philosophie aussi, heureusement, mais à qui il n’accorde qu’une place de spectateurs, hélas !
Depuis le 19eme siècle et la révolution industrielle, l’époque est à la production. A la production et à la consommation, évidemment, car on ne produit que ce qui se vend !
Au 20eme, avec les génies tel que Einstein et d’autres, avec deux guerres mondiales catastrophiques mais qui ont décuplé les capacités d’innovation dans tous les domaines, avec la banalisation du moteur à explosion et la formidable abondance d’énergie que nous offre le pétrole, l’humanité a vu son pouvoir matériel exploser à l’infini ! Il est en mesure de raser des montagnes, de détourner des fleuves, de voler, de sortir de la planète.
Mais a-t-il le sens de sa responsabilité ? Cette responsabilité que l’on demande à celui qui possède une telle puissance ? Ce chef de famille, famille de la matière vivante sur Terre, a-t-il fait le cheminement intellectuel qui est nécessaire pour diriger un tel empire ? L’Humanité est-elle consciente de la responsabilité qui lui incombe de par sa place de maitre du monde ?
Lorsque Einstein remet en question le mode de pensée de l’humanité, nous pouvons imaginer qu’il a en tête la relativité, le cosmos, l’univers, les étoiles, et, parmi celles-ci, le soleil. L’humanité dans ce référentiel-là n’est qu’une aventure locale, sur une planète, autour d’une des étoiles.
L’humanité apparait si petite à cette échelle ! L’Humanité et la terre, on le voit bien depuis ce point de vue, ont un destin intimement lié ! La terre n’est pas notre jardin ni notre terrain de jeu ! Avant tout, la terre est. Elle existe, dans la même temporalité que le système solaire, que notre univers. Puis la terre nous a créés, constitués. Nous vivons grâce à elle, nous nous nourrissons de ses fruits, qui sont aussi nos frères et nos sœurs les plantes et les animaux. Nous sommes, comme eux, un maillon de la chaine des êtres vivants sur terre.
Dans ce système, l’humanité, depuis quelques temps déjà, prend ses aises et impacte de plus en plus celle qui nous a fait naitre : l’écosystème Terre. La Pachamama !
Regardons notre action : la colonisation de toute la planète est en cours, l’impact de l’Homme se fait sentir partout, il fabrique des produits hyper toxiques capables d’empoisonner l’écosystème où il vit. L’Homme, en inventant le feu nucléaire, est même capable de faire sauter la planète !
Notre Humanité a-t-elle la maturité nécessaire à la conduite d’un tel défi ? Pour notre scientifique, la réponse est visiblement non !
Quel mode de pensée devons-nous alors inventer ?
La réponse est certainement de « penser global » comme nous le suggère le philosophe Edgar Morin ! Avec lui, Gilles Bœuf nous rappelle que notre planète vivante est un système et que nous en sommes une partie. L’Humanité doit comprendre la complexité qui régit notre environnement : comprendre que nous sommes faits de la même matière que lui, que nous constituons le même corps, mais aussi que nous interagissons à tous les niveaux avec cet environnement, comme interagissent les membres d’une même famille, d’un même village. Nous, et tous les êtres vivants qui vivons dans le même milieu, constituons une entité commune. Les êtres unicellulaires se sont associés en colonies, et ont inventé l’être polycellulaire d’où émerge une entité identifiable et cohérente : l’être vivant macroscopique ; L’écosystème, lui aussi, fait émerger une entité cohérente et intrinsèquement complexe à partir d’une multitude d’espèces interdépendantes. En étant conscient de cela, nous comprenons que nous sommes une partie d’un être supérieur, l’écosystème, et que toute atteinte à l’environnement est une blessure que nous nous infligeons à nous-même.
Il est urgent de prendre conscience de cette réalité afin d’en extraire notre nouveau paradigme. Nous ne pouvons pas continuer à considérer que la planète est à notre disposition ! Nous devons construire un mode de pensée où nous saurons nous voir et nous retrouver dans notre environnement. Nous devons savoir identifier la part de l’autre en nous, et savoir aussi voir la part de nous dans l’autre, et dans tous les autres êtres vivants !
Parce que ceux-ci sont aussi une partie de nous !
Sans cela nous mettons en péril notre survie.
Edgar Morin explique, citant André Lebeau :
« le désir de maintenir le cours actuel des choses jusqu’à ce qu’il soit trop tard est la plus grande menace que l’humanité fait peser sur elle-même. »
Marc Péna
Force est de constater que, depuis Einstein, nous avons fait peu de progrès en la matière. Et encore, je crois qu’il s’agit là d’un sacré euphémisme. D’où ma question, à vous qui semblez avoir réfléchi au problème : comment passer d’un mode de pensée individualiste à une vision collective ? Pour le dire autrement, comment faire comprendre aux individus le besoin impérieux d’envisager notre existence en tant qu’espèce évoluant dans un environnement donné et non en tant que conglomérat d’individus isolés répondant à leurs propres intérêts ?
Je n’ai pas la réponse à cette question qui est très certainement LA question à laquelle nous devons nous attaquer tous autant que nous sommes sans perdre une seconde de plus.
La crise du covid peut être perçue comme une mise en garde de la part de la planète car elle fut causée par les déforestations et la proximité exacerbée entre hommes et animaux sauvages qui en résulte. Cette crise a remis en question certaines de nos valeurs et de nos certitudes. Elle a même permis le délaissement relatif des sacrosaints impératifs économiques au profit d’autres, plus impérieux, liés à notre survie même. Faudra-t-il qu’une nouvelle crise de ce genre se manifeste de manière systémique et structurelle pour qu’enfin nous réinventions notre rapport au monde ? Il serait dommage d’en arriver là.
J’espère que vous pourrez m’apporter des éléments de réflexion qui engagent à un plus grand optimisme que celui qui est le mien pour le moment.
Cordialement
Bonjour
Merci bien pour votre commentaire.
LA question est effectivement celle-là : comment faire évoluer les mentalités pour que les décisions des gouvernants des pays de la planète prennent en considération le danger que l’humanité fait courir à celle-ci. Je suis désespéré également de voir que les résultats de la science ne sont considérés que comme des opinions par les politiques actuels, et que les forces contraires aux bonnes décisions ne sont pas argumentées par des études scientifiques authentiques mais bien influencés par des arguments économiques irresponsables, en dépit du risque que cela nous fait courir à tous.
Pour ma part, et c’est ce que je fais à travers mon blog, je pense que nous devons repérer et répéter encore au plus grand nombre de lecteurs que cette attitude est irresponsable, et que nous devons penser autrement, de manière beaucoup plus systémique que ce que nous avons la tradition de faire. Les générations qui arrivent aujourd’hui à l’âge adulte ont en grande partie une autre conscience du problème environnemental. Je pense que ce sont elles qui devront faire évoluer les actions et les décisions, lorsqu’elles seront aux commandes des pays.
L’avènement omniprésent des réseaux sociaux favorise une prise de conscience alternative et une mobilisation générale, même s’ils favorisent également un isolement individuel et un appauvrissement de l’ouverture au monde : les IA qui les pilotent enferment les utilisateurs dans un environnement qui se réduit de jours en jours, en spécialisant de plus en plus les propositions de centres d’intérêt. L’action à mener est pour moi clairement de diffuser des contenus permettant de voir sous un autre angle l’évolution que l’humanité est en mesure de proposer à la planète !
Les idées devront ensuite diffuser. Soyons vigilants à ce qu’elles ne soient pas aussi l’objet de contrefeux mal intentionnés !