Edito 2019 : « Balade à Bahia »

J’ai choisi cette année de vous amener dans la Chapada Diamantina, petite chaîne de montagnes de l’État de Bahia au Brésil. Les roches que vous verrez au fil des pages sont, pour la plupart d’entre elles, datées de 1,5 milliard d’années soit deux fois plus anciennes que l’apparition des êtres vivants polycellulaires sur Terre. Depuis, la vie a suivi son évolution et sa diversification.

Il y a 0,002 milliard d’années, homo sapiens apparaît en Afrique. Encore plus récemment, il y a 30.000 ans environ, l’Homme arrive en Amérique du Sud. Si son arrivée est toute récente, son impact est d’une violence inouïe : en quelques millénaires, toutes les grandes espèces animales placides disparaissent. Mastodontes, paresseux géants, oiseaux marcheurs entre autres, ne se retrouvent plus qu’à l’état de squelettes dans les campements humains de l’époque. Une seule espèce terrestre dépasse la tonne à l’état adulte aujourd’hui. Triste démonstration de notre capacité à ravager l’écosystème dans lequel nous vivons.

Encore plus récemment, au milieu du XIXème siècle, ces roches ont révélé un autre trésor, disparu lui aussi aujourd’hui. Des bergers cheminaient dans la région en accompagnant leur troupeau de vaches. De beaux cailloux bien brillants ont attiré leur attention au bord de la rivière. Après en avoir rapporté quelques uns à la ville, il s’est avéré qu’il s’agissait de diamants, de gros diamants, beaucoup de diamants ! La ruée que cette nouvelle provoqua fut telle qu’ils ont fini par retourner toute la terre alentour, détournant les rivières, chassant tout ce qui était comestible.

L’arrivée de tant de personnes a bouleversé le paysage de la Chapada et la vie des habitants locaux. Les diamants sortaient de toute part, des champs, des rivières, à tel point qu’ils se vendaient au litre et non plus au carat (0,2g) ! Mais l’énorme richesse que cette ressource générait ne trouvait pas, dans ce coin perdu du Brésil, matière à consommer. Que faire lorsqu’on est très riche et que rien n’est disponible à acheter ? Ces nouveaux fortunés ont dû quitter leur terre afin de pouvoir profiter de leur argent, et trouver un lieu ou exprimer leur pouvoir en consommant. Quel paradoxe !

Finalement, au début des années 80, l’extraction des pierres précieuses est interdite et le site est reconverti en parc naturel afin de développer l’écotourisme et la bienveillance environnementale. La Raison et la Poésie ont remplacé l’industrie du diamant!

Ce bel exemple de métamorphose de l’économie pourra peut-être nous inspirer pour reconvertir notre économie et notre manière de vivre à des choses plus durables. Beaucoup de travail reste à faire, unissons nos forces pour y arriver.